Texte Joie ou excitation

La Liberté d'Être Soi

Joie ou excitation

« Je suis trop contente », « j’ai trop hâte », « c’est génial », nous avons tous exprimé à travers nos mots et notre gestuelle notre joie à l’écoute d’une bonne nouvelle, à la fin de l’année scolaire, à la réussite d’un examen, au premier mot de notre bébé… Nous connaissons tous des moments de joie, d’exaltations intenses, de soulagement, de fierté. Toutes les situations que nous voyons comme positives nous amènent à exprimer notre contentement, notre surprise, notre victoire.

Ces moments souvent brefs sont parfois sous l’effet de la surprise, mais majoritairement suite à une attente où notre patience a été mise à l’épreuve. Cela peut être des heures, des jours, des années.

L’effervescence ressentie au moment de la nouvelle tellement attendue vient de la libération en nous d’hormones, le cerveau pendant quelques instants a une décharge d’adrénaline. Ce n’est pas seulement dans les relations physiques intimes que cela se produit. Quand nous sommes heureux, nous oublions pendant quelques instants, quelques heures les difficultés, le chagrin, l’anxiété, voire la peur ou la douleur. Les scientifiques le décrivent très bien dans des revues spécialisées. Nous l’exprimons par des cris de joie, certains se mettent à sauter sur place, d’autres à embrasser leur famille, voire à se rouler par terre. Tout est possible, certains sont dans la retenue et d’autres se libèrent dans l’explosion.

Mais savons-nous faire la différence entre Joie et Excitation ? Certains diront que les deux sont liées, mais est-ce juste ? Un enfant qui va à une fête d’anniversaire, qui a un nouveau déguisement pour l’occasion, sera excité, dans une attente, dans une expectative. Il sera tourné vers ce monde extérieur où chacun aura un costume, où les jeux, les bonbons seront sur la table. Le sucre favorise l’excitation, augmentant le volume des cris, des rires, des sauts sur le canapé. Mais est-ce de la joie ? Peut-être que certains ressentiront cette joie et d’autres seront dans une excitation.

L’excitation ne dure jamais vraiment très longtemps, c’est un phénomène rapide et certains recherchent dans des substances chimiques cette euphorie permanente. Le corps ne peut pas produire des hormones en continu. Souvent après ces moments très intenses, la pulpe redescend, l’enfant est parfois épuisé, il est à la limite des larmes. Ces pleurs sont, à son âge, sa seule façon de libérer la tension intérieure. À ce moment-là, soit le parent est attentif et saura calmer son enfant, soit, pris également dans l’excitation, le parent criera sur le petit pour le faire taire… Les parents sont parfois pris au dépourvu, inconscients de la situation qu’ils ont contribué à faire naître. Certaines fêtes se finissent dans les pleurs, la fatigue, voire l’irritabilité si personne n’a réussi à calmer cette agitation. Cet exemple est valable aussi pour les adultes, lorsque l’excitation d’une soirée va trop loin, elle se termine parfois dans de mauvaises conditions. Le sucre sera remplacé par l’alcool et le besoin d’adrénaline fera monter le ton, entre amis ou couple. Heureusement, ce n’est pas toujours le cas, mais en rentrant chez soi, après un moment de fête, il est parfois difficile de dormir.

L’énergie qui va se libérer lors d’un moment joyeux partagé va souvent être suivie par un moment de grande fatigue, voire d’abattement ou de tristesse. Pourquoi ? Car le vide intérieur se découvre suite à un trop plein extérieur. La tension, l’excitation, nous galvanisent, nous gardent éveillés la nuit pour réviser son examen ou finir une exposition, et avec le recul, nous nous demandons comment nous avons pu tenir le coup. Le corps est plein de ressources, mais à la fin, elles ne sont pas infinies.

La joie, la vraie, n’a rien à voir avec cette excitation d’aller faire les magasins pour une nouvelle robe. Celle-ci se vit de l’intérieur et, contrairement à cette euphorie, elle ne va pas toujours se manifester de manière excessive. Bien entendu, un être joyeux est souriant, plein d’entrain, mais son énergie reste constante. La joie ne fatigue pas, c’est un état d’être que nous connaissons pendant des périodes de notre vie. Nous avons peut-être autour de nous des gens qui sont naturellement joyeux, qui savent donner à leur entourage. Ces êtres sont dans le partage, sans toujours le savoir, car la joie qui vit en eux n’est pas limitée et plus ils donnent, plus cette joie grandit.

Si beaucoup recherchent le bonheur, c’est en fait la joie intérieure qui peut répondre à cette quête. Car si la notion de bonheur existe dans les recettes de ce monde, elle est souvent matérielle ou liée à une vision vendue par une société bien intentionnée, mais pas toujours bien guidée. Bien entendu, nous rencontrons des êtres qui disent être heureux, mais nous ne connaissons pas leur critère. Est-ce de la joie ? Est-ce un équilibre dans leur vie sentimentale ? Est-ce une stabilité financière ou liée à leur santé ? Sont-ils stables intérieurement et si demain la crise économique vient frapper à leur porte, seront-ils toujours heureux ?

Les gens partagent beaucoup de vidéos sur leur vie, l’annonce de leur grossesse, de leur mariage, de leur recette de cup cake, de leur saut périlleux. Sur les vidéos, ils sont joyeux, partageant leur bonheur à travers 2 minutes de réel. Mais que savons-nous de leur intérieur ? Le paraître prime beaucoup sur la recette du bonheur, mais sont-ils dans cette joie ? L’histoire ne dit pas ce qu’il se passe dans les coulisses.

Nous connaissons tous des moments d’excitation liés aux bonnes nouvelles, à l’achat d’une voiture, à la fin d’un crédit ou à l’acceptation d’un dossier professionnel. Mais connaissons-nous cette Joie qui nous remplit sans rien faire de particulier ? Cette joie qui ne demande rien à part d’être partagée avec l’autre, d’être utile à quelqu’un, de cuisiner pour lui, de le conduire à un rendez-vous important, de repasser son linge ?

Beaucoup vivent cette joie enfant et ont la chance de ne pas la perdre, mais la majorité l’occulte, se fondant dans un monde qui demande beaucoup et nous garde conditionnés par un extérieur, un paraître, une fausse confiance.

À chacun de le découvrir avec honnêteté, justesse et respect pour soi et cet enfant spontané et joyeux qui vit en nous. La Meta nous accompagne pour redécouvrir cet être vivant et joyeux qui ne demande qu’à s’exprimer, à créer, à aimer… Ce n’est pas une méthode, mais un état d’être qui se transmet par le témoignage et l’expérience.

©Karine Cañadas | Tous droits réservés | Copie partielle ou intégrale des œuvres et des textes interdite.