Sommes-nous ouverts ? Mais de quelle manière et avec quelle intention ?
L’ouverture d’esprit dépend de notre conscience, de notre vision de la vie. Nous naissons tous avec cette ouverture naturelle, mais la vie n’est pas toujours tendre avec ces élans envers l’extérieur. L’environnement, la société, l’éducation jouent leur rôle dans notre vie : soit ils l’encouragent, soit, au contraire, ils freinent cette spontanéité, cette curiosité. L’ouverture est également une éducation qui vient de la famille. Restons-nous entre nous, dans notre maison, notre famille plus ou moins confortables ? Ou allons-nous à la rencontre de l’autre ? Du monde De notre environnement Et de quelle manière ? Comme les Britanniques en Inde à la fin du 18e siècle, avec cette arrogance de celui qui sait ou humblement à la découverte des autres ?
Certains se disent spontanés et ouverts, c’est-à-dire prêts à faire leur valise et partir en week-end. D’autres sont très ouverts vis-à-vis de la technologie, ils sont curieux, expérimentent des outils, des jeux, lisent des articles très pointus ; courent les conférences ou les salons à travers le monde. En fonction de nos aptitudes intellectuelles, physiques et créatives, nous sommes attirés par des domaines différents, la spéléologie, les insectes, les planètes, les sciences occultes. Mais est-ce une ouverture d’esprit ou simplement une attirance vers ce qui nous plait ? Qu’est-ce qui nous pousse à aller plus d’un côté que de l’autre finalement ? S’impliquer dans une association de notre choix, rencontrer des êtres qui ont le même centre d’intérêts est une façon de s’ouvrir, mais est-ce difficile ? Pour les plus timides, réservés ou blessés par les expériences humaines, toute rencontre est un défi. Mais il est plus simple de rencontrer un être qui aime les mêmes choses que nous. Le thème de la discussion tournera autour du sujet de prédilection et non des sentiments et des relations personnelles. Du coup sommes-nous dans cette ouverture ou restons-nous dans ce que nous connaissons ?
Être ouvert commence par l’écoute, la présence, le non-jugement de ce qui se dit ou se fait. La neutralité n’est pas une mince affaire. Nos croyances, nos éducations, nos peurs nous barricadent et limitent notre ouverture à la nouveauté, celle qui demande de dépasser ses difficultés, ses aprioris, ses comportements égotiques : « je sais, je n’ai pas confiance, je suis timide, je suis nul, je suis rapide… »
Les livres ou les conférences nous permettent de réfléchir, de s’ouvrir à autre chose qu’à notre propre manière de penser. L’ouverture est un signe d’intelligence, mais, par exemple, ne nous donne pas la bosse des mathématiques. Un être curieux, intuitif, ouvert sera peut-être en difficulté avec cette science, mais à force de travail, il pourra avoir de bons résultats, son élan à s’investir le poussera à se dépasser. Un être naturellement doué dans cette matière sera au contraire peut-être très fermé et incapable de s’intéresser à autre chose qu’à son aptitude. L’humain aime contrôler ce qu’il aime, ce qu’il fait, ce qu’il vit au quotidien. Sous couvert de sécurité, de bienveillance, d’attention, il va couver l’autre avec son propre regard, donc avec ses propres peurs. Ainsi, il va souvent l’empêcher de vivre pleinement l’expérience, l’échange, la communication, c’est-à-dire l’ouverture à l’autre. Il bloque les flux d’énergies en lui et autour de lui, par extension, il contrôle la Création. À travers son conditionnement, il va inconsciemment limiter les possibilités qui s’offrent à lui-même et, par conséquent, à l’autre. Cela peut aller très loin, que ce soit un homme politique ou une mère vis-à-vis de son enfant. Les conséquences de ce manque d’ouverture peuvent briser des vies, c’est-à-dire leur faire prendre un chemin qui n’est pas le plus simple. « L’enfer est pavé de bonnes intentions. » Et ce manque d’ouverture, donc de contrôle, nous amène à créer des situations qui cristallisent le champ des possibles.
L’Ouverture demande de vivre dans le présent. Celui qui souhaite contrôler l’avenir vit dans les expériences et peurs du passé. Il construit sa vie sur ce qu’il croit connaître, sur ses blessures, sur ses frustrations et souvent sur ce besoin d’exister et d’être reconnu. En fait, il ne protège pas l’autre, mais lui-même et garde les clés de sa propre « cage ».
L’ouverture est nécessaire pour grandir dans la vie, aussi bien dans la société dans laquelle nous évoluons, mais aussi dans cette intériorité. Sans questionnement sur soi, sur notre état d’être, sur notre raison de vivre cette vie, que pouvons-nous espérer comprendre ou apprendre ? L’ouverture demande un grand travail de connaissance de soi, à travers les expériences et les échanges avec des êtres qui eux aussi se posent des questions. Se poser des questions tout seul sur son canapé est un début, puis interagir avec l’autre, même s’il n’est pas en accord avec nos idées, nous permet de voir où nous en sommes. Sommes-nous ouverts à l’autre et jusqu’où ? Ou seulement à nous-même et à nos idées ou croyances de la vérité ? Quelles sont nos limites ? Bien évidemment, l’ouverture à l’autre ne signifie pas dire oui à tout, cela demande du discernement, non pas dans le contrôle, mais dans ce respect de soi.
Chacun pourra se poser la question sur son ouverture d’esprit, mais surtout sur son ouverture de cœur. Car l’ouverture intellectuelle fera naître beaucoup de théoriciens, mais dans la pratique, l’interaction n’a pas d’équation. Le cœur ne calcule pas et vit l’expérience du présent : il aime, il écoute, il attend et il agit.
En travaillant sur l’ouverture de son cœur, donc en acceptant les expériences de la vie, nous pouvons grandir et faire grandir l’autre et planter cette graine autour de nous, et faire naître quelque chose qui est plus grand que nous-mêmes.